Cayenne de Bordeaux

Union Compagnonnique, section de Bordeaux
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Monsieur Benoît CHALADE
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Si l’actuelle Cayenne de Bordeaux fut créée officiellement le 17 septembre 2000, sous le nom de ‘’Nouvelle Cayenne de Bordeaux,’’ son histoire est étroitement liée à celle de l’Union Compagnonnique et l’a même précédée.

En effet, dès 1870 Lucien Blanc notre fondateur établit de nombreux contacts avec d’anciens Compagnons qu’il avait connus sur le Tour de France, lesquels jouissaient d’un bonne réputation et d’un certain crédit dans le compagnonnage. A l’époque la ville de Bordeaux ayant une activité portuaire intense, les Compagnons de tous les Devoirs y étaient représentés en grand nombre. Dans les archives de la ville on retrouve la trace de Compagnons de différents Devoirs qui étaient des cadres éminents du compagnonnage, mais par ailleurs une notoriété publique. C’est grâce au concours de ces élites que la ville de Bordeaux joua un rôle décisif dans la Création de la Fédération Compagnonnique qui en 1883 fut le ferment fondateur de notre société.

Aussi dès la création de l’Union Compagnonnique en 1889 la Cayenne compta 93 membres. Mais en 1889, grâce à de nombreux ralliements (comme notamment celui des tailleurs de pierre Passants DD et des Maréchaux ferrant DD) la Cayenne comptait alors 163 Compagnons inscrits, plus 14 Compagnons remerciés. Tous leurs noms, suivis du nom de compagnon avaient été imprimés sur une affiche à l’occasion de la fête annuelle avec la formation du bureau. C’est dire quel fut le dynamisme de l’époque !

A la veille de la guerre de 1914-1918, ce fut probablement le moment où notre Cayenne atteignit son apogée. Lors de la mobilisation générale, un élan de patriotisme spontané se fit jour à Bordeaux avec la ferme intention de bouter l’envahisseur hors de France ! Ils devaient avoir en tête la belle chanson d’Escolle ‘’Jolie cœur de Salerne’’ qui, se faisant l’apôtre de la paix, avait écrit : « si la patrie est en danger, unissons-nous tous sous un même drapeau ». Aussi la plupart des Compagnons partirent directement au front comme volontaires. Il suffit de se pencher sur l’histoire de la grande guerre, pour savoir que de ces volontaires de la première heure, il ne revint que quelques éclopés. A cette époque où les hommes étaient déjà usés par le travail et vieux à cinquante ans. Une photo de 1929 prise lors d’une fête montre trente quatre Compagnons âgés ou très âgés, puis un jeune entre vingt et trente ans.

Cette photo en dit long de cette Cayenne en voie d’extinction, qui ne se remettra jamais de ses pertes et de ses Compagnons ‘’rescapés’’ qui peu enthousiastes pensaient que les écoles professionnelles et techniques qui voyaient le jour, allaient définitivement remplacer l’apprentissage jadis largement dispensé par les Compagnons. La dernière guerre devait complètement anéantir la section de l’Union Compagnonnique bordelaise dont les derniers maillons devaient éteindre les feux en 1947.

Entre-temps, l’Association Ouvrière, puis plus tard La Fédération s’étant implantés solidement dans la ville, l’Union Compagnonnique ne vit pas l’opportunité de se réinstaller à Bordeaux. En 1988, le dernier siège qui était la propriété de la Mutualité fut vendu, l’argent déposé sur un compte devait éventuellement aider une nouvelle implantation.

Depuis cette époque ‘’Corrézien l’Ami des Arts’’ alors administrateur de la Mutualité, nourrit le secret espoir de provoquer un nouvel allumage de feux dans la jolie ville de Bordeaux. Ami de Bordelais la Constance, il s’appliqua à persuader ce dernier de terminer son Tour de France à Bordeaux, ville de ses ancêtres, en ne manquant pas de vanter à ce célibataire la beauté des bordelaises. L’idée du Corrézien était de permettre la création de ce qu’il appellera la nouvelle Cayenne de Bordeaux, en prenant soin qu’elle ne fut pas en concurrence avec les autres Devoirs. La solution était de promouvoir la cuisine de haut niveau qui n’est enseignée que chez nous, Bordelais la Constance en acceptait le principe. La première réunion se tint en août 1998 au restaurant Etché-Ona à Bègles alors propriété de ‘’Vendéen la Sincère Amitié’’ présent sur les lieux ainsi que ‘’Montauban l’Ami du Travail’’ vice président général venu apporter son soutien à ‘’Corrézien l’Ami des Arts ‘’, puis ‘’Berry le Soutien de la Famille’’, ‘’Tourangeau le Volontaire’’, ‘’Ile de France Cœur Loyal’’, ‘’Ile de France Le Désir de Bien Faire’’, ‘’Libournais la Rigueur du Devoir’’, ‘’Mekhnès l’Ami des Arts’’ président de la Cayenne de Fumel et ‘’Agenais le Désir de Bien Faire’’ également de Fumel, mais travaillant à Bordeaux. Le principe de créer la Cayenne ayant été accepté avec enthousiasme, nous prîmes pour objectif de nous réunir chaque mois à partir du début 99 avec pour objectif de préparer l’allumage des feux pour l’an 2000. Restait encore à convaincre la Direction Générale qui soutint sans réserve le projet de ‘’Corrézien l’Ami des Arts’’ lequel demanda l’aide et le parrainage de sa Cayenne de Fumel.

La Cayenne fut crée au cours de l’assemblée extraordinaire du 6 novembre et les statuts furent déposés à la préfecture le 2 décembre 1999 par anticipation. Cela nous a donné un statut, permettant de solliciter les municipalités de la Communauté Urbaine. Le premier objectif était d’obtenir des locaux pour allumer les feux, le second d’obtenir un siège pour installer la Cayenne. Monsieur Noël Mamère député-maire de Bègles répondit favorablement, mais le local proposé appartenant au conseil général, il ne put en obtenir la faveur. Ensuite ce fut Monsieur Juppé député maire de Bordeaux et président de la CUB, qui répondit enfin à nos multiples sollicitations. Il chargea une personne de la CUB, de nous trouver le siège tant espéré. Et mit à notre disposition les salons de l’Hôtel de ville pour procéder à la cérémonie d’allumage des feux du 17 septembre 2000. Ce fut grandiose, sous les lambris dorés 23 Cayennes étaient représentées avec leurs bannières, 120 personnes présentes dont 89 Compagnons avec cannes et couleurs, tous dans un ordre parfait avec des représentants officiels de l’association Ouvrière et de la Fédération des Métiers du Bâtiment.

Après maintes tractations et propositions faites par la mairie, le 28 janvier 2002 le président a signé une convention qui mettait à notre disposition une chartreuse de 220 m² habitable située dans un parc 10, rue du Haut Brion à Bordeaux. Ce local en pierre de taille était en ruine, mais dans un cadre dont nous n’aurions même pas osé rêver ! Le 4 février 2002, un chantier prévu par anticipation en convention avec le CFBTP de Blanquefort et le Centre de Formation de la Cayenne de Brive permit de débuter le chantier de couverture sous la direction de « Libournais la Rigueur du Devoir ». La maison fut rapidement hors d’eau. Mais un vaste chantier de rénovation débutait bénévolement, lequel devait durer pratiquement six années. Nous nous étions engagés à tout faire par nous même, à condition que la ville prenne en charge les matériaux. Le pari de l’époque avait été de démontrer à des Jeunes et des Compagnons que sans argent, mais avec une bonne réputation, une bonne plume et beaucoup de détermination tout était possible.

Ce pari gagné, il nous reste encore à prouver que nous sommes capable de former des jeunes à la cuisine de haut niveau d’une façon continue et de participer d’une plus efficacement à l’élévation de la gastronomie locale.